time for breakfast... at 9p.m ? | heaven

Toute la clique de français avait mangé depuis au moins une bonne heure, voir une heure et demie et s'était attelés à la dure tache de la vaisselle. J'avais délibérément omis de mentionné que je ne dinerais pas avec eux. De toute façon ce n'était pas pour les déranger. Personne n'en avait rien à cirer de moi. Et de toute façon, je n'en avais pas franchement grand chose à faire. Je les haïssais tous autant qu'il était. J'étais une Américaine dans la maison, mais une adorable timide comme moi disparaissait de huit heures du matin à neuf heures du soir.

Neuf heures du soir. Je commençais à avoir faim. Il y avait pas mal de bruit dans la chambre d'à côté. Moi j'avais envie d'un petit déjeuner. Il était vrai que je mangeais toujours un vrai repas le midi, et un petit déjeuner le soir. C'était facile, toujours très simple de me lever toujours plus tôt qu'eux, et d'aller me coucher assez tôt bien avant eux. C'était simple. Je détestais les croiser. j'avais des affinités avec certains. Les autres, je les fuyaient comme la peste.

En douceur, je me glissais le long de la porte de la chambre que j'avais choisi, la moins occupée bien sur, et je pris le chemin de la cuisine. La plupart des français, non, tout les habitants s'étaient déjà dispersés. Il y en avait dans les chambres, d'autres dans le jardin. J'avais eu de la chance : les provisions de la maison étaient assez vaste et la production s'était assurée qu'une adorable américaine comme moi ait de quoi manger. J'avais donc découvert avec plaisir le nécessaire à un petit déjeuner américain. J'attrapais deux verres, une tasse. Un verre de jus de fruit, un verre de lait, un café allongé. J'assortis à ça une assiette avec un pancake fait la veille, une tranche de jambon et du müesli avec de la compote. J'avais faim, très faim. Je m'installais donc a table avec mon petit déjeuner. Comptez à ça qu'il était neuf heures du soir. J'étais prête à un super petit déj', et j'étais sûre de ne pas être dérangée. Fausse joie. Quelqu'un ouvrit la porte vitrée. Ma cuillère s'interrompit dans le chemin entre mon assiette et ma bouche. Pourquoi ne me laissait-on pas tranquille ?

Il était tous aussi insupportable. Un accent français désagréable, quoiqu'en faites ce soit plutôt leur manière de parler qui me déplaisait, des faux airs supérieurs, des manières plus que limite. J'avais, et je le savais, le classique hollywoodien question physique. J'étais une vraie californienne. Mais,au naturel. Contrairement à la plupart de mes compatriotes, blondes décolorés à fortes poitrine et possédant un pois chiche en guise de matière grise, j'étais d'un blond naturel. Mon corps n'avait subi aucun artifice de chirurgie ou de botox, et j'avais commencé des études. Que j'avais finalement laisser tomber pour diverses raisons. Cependant j'avais quand même l'apparence du cliché : je jouais au beach volley, au soccer sur sable, j'aimais les virés nocturnes... J'avais du sang de californienne dans les veines en soit. et dans la maison, quelque part dans la banlieue de Paris, en manque de chaleur et de soleil, j'avais un secret à protéger. Mais être Américaine, ça, personne ne pouvait m'en empêcher.

J'avais donc déjà presque une excuse un peu plate à sortir à un de ses idiots de français pour lui justifier mon breakfast quand une fille me lança, sans une pointe d'accent, que c'était l'heure du breakfast aux Etats-Unis. Non sérieusement ? Elle m'interrogea ensuite pour savoir si nous étions là pour la même raison. Je levais les yeux vers elle. Son visage me disait quelque chose, je l'avais déjà aperçu... Ah oui, l'histoire d'Action ou Vérité avec l'espèce de sombre idiote à la chevelure rousse. Euh, minute, comment s'appelait-elle ? J'avais la mémoire des noms pourtant. C'était quelques chose en rapport avec le ciel me semblait-il... Heaven ! C'était ça. Un nom qui sonnait anglo-saxons. Bon allez, sois gentille Brittnee, ne lui saute pas à la gorge tout de suite. « Oui je suppose. Bon appétit... »

Elle avait l'air sympathique. Seulement l'air. Je me méfiais toujours des apparences. C'était quelque chose que j'avais appris sur la côte ouest. Que les apparences soit belles, on ne juge que par elles. Un cliché de plus d'après moi. Mais bon, je pouvais tout de même lui accorder une chance : elle avait un point d'avance, nos origines américaines.